jeudi 1 décembre 2016

Greenwashing #1 (à l'hôtel)

En Suède comme ailleurs, les multinationales tentent de rassurer leurs clients sur leurs engagements écologiques...

Petit tour dans la chambre d'une grande chaîne hôtelière au détour d'un voyage professionnel....

Tout d'abord, l'élément quasi-systématique des chambres d'hôtel qui m'exaspère... le frigo! Un réfrigérateur familial consomme énormément d'énergie, alors équiper un hôtel de centaines de chambres est une aberration sans nom, selon moi.
Je découvre l'objet, camouflé derrière une porte de placard. Qu'elle n'est pas ma surprise, lorsque je le découvre vide. Rien pour assurer une certaine inertie thermique... la consommation énergétique est encore plus folle.

Un message est cependant à l'intérieur...
Je pourrais traduire les gros caractères par "pas de panique, c'est normal si c'est vide". Hum, pourquoi laisser allumer le réfrigérateur alors?...

Parce qu'en plus petit, on nous invite à passer à la boutique en bas pour le remplir... La boutique vend des snacks secs (type cacahuètes et barres chocolatées) et boissons conservées dans une grande armoire réfrigérée... Intérêt de la réfrigération en chambre, proche du néant donc!
En petit aussi (dommage... ou normal?), on nous indique que l'eau du robinet est potable et que sa consommation est un plus pour l'environnement.

Conseil n°1 à Marriott:
Débrancher les réfrigérateurs (j'aurais bien commencé par ma chambre mais la prise est inaccessible aux clients à moins de démonter les placards) et écrire en plus gros qu'en cas de soif, nul besoin de traîner dans l'ascenseur en peignoir et pantoufles en éponge, car en plus d'épargner les autres clients, le robinet de la salle de bains délivre ce qu'il faut.

Passons justement à la salle de bains. Je m'y délecte en général lors de la lecture des étiquettes des gels douche et savons...
Comme dans de nombreux hôtels, le gel douche n'est plus fourni sous forme de dose individuelle mais via un distributeur fixé au mur. A défaut d'avoir un produit convenable (je n'ose pas dire bio ou slow), c'est un bon point pour les déchets. Cependant, une savonnette format invité attire mon œil.
L'étiquette a tout pour plaire: de couleur verte, avec les mentions "botanicals", "vegetable based" et même "ginger & lemongrass".

Côté pile, la composition du savon fait soudainement moins envie.
Que trouve-t-on dans ce savon?
  • sodium palmate et sodium palm kernelate: respectivement huile de palme et huile de palmiste (saponifiées, ce qui est normal). Pour agir contre la déforestation, on peut trouver mieux...
  • aqua, de l'eau: normal, elle est utilisée pour dissoudre la soude nécessaire à la fabrication du savon
  • glycerin: glycérine. Elle est ajoutée pour contrer l'effet desséchant du savon. La glycérine est produite lors de la saponification mais le processus industriel l'enlève... pour en remettre ensuite. Logique?
  • sodium chloride: chlorure de sodium, autrement dit du sel de cuisine. A un effet durcissant sur le savon
  • parfum; naturel ou synthétique, impossible de savoir
  • linalool, hexyl cinnamal, limonene: molécules potentiellement allergisantes, devant être mentionnées dans la composition des cosmétiques. Elles proviennent très probablement du "parfum". A noter que l'hexyl cinnamal est d'origine synthétique uniquement
  • titanium dioxide: dioxyde de titane, agent blanchissant
  • tetrasodium EDTA: agent de chélation ("piège" les métaux entre autres) et est utilisé comme conservateur. Ajouté dans les savons, il permet d'obtenir une mousse abondante (puisque piégeant le calcaire). Les problèmes sont  son action néfaste sur l'environnement (peu biodégradable et non retenu dans les stations d'épuration) et son haut pouvoir allergisant
  • tetrasodium etidronate: un cousin de l'EDTA...
  • Salvia officinalis leaf extract: extrait de sauge officinale. Placé en dernier, on peut se demander quelle quantité de cet ingrédient est présente dans un petit savon...
En somme, un savon industriel, ni pire ni mieux que la majorité de ceux vendus dans les supermarchés. Mariott ajoute par contre l'étiquette qui fera croire au client pressé qu'il a entre les mains un savon plutôt clean, voire carrément green

Conseil n°2 à Marriott:
Il est illusoire (et c'est bien dommage) qu'une grande chaîne hôtelière fournisse des produits de toilette bio à ses clients. Supprimer les savons et shampoings individuels et les remplacer par des distributeurs diminuera la consommation (les clients n'emmèneront les flacons non entamés) et bien sûr les déchets.
Trouver un fournisseur local (au-moins au niveau européen) allégera le bilan carbone par rapport à une fabrication chinoise...

Comme le dit si bien Tryo... On veut du green green green green green green washing....



N'ayant pas la prétention qu'un employé de Mariott lira par hasard ce billet, un mail est également envoyé au service clients de l'hôtel...

épisode #2

2 commentaires:

  1. Bonjour,

    malheureusement ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres. Jusqu'à aujourd'hui je n'ai pas eu trop l'occasion de voir de démarche responsable dans les nombreux hôtels dans lesquels je séjourne dans le cadre de mon activité professionnelle... Désespérant quand on sait qu'il ne s'agit la plupart du temps que de faire preuve de bon sens !!

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    1. Hélas, vous avez raison; ceci n'est qu'un exemple. Il est bon de mettre en lumière l'absence de démarche éco-responsable (c'est même l'inverse) pour que les consommateurs puissent en avoir conscience et ainsi agir auprès des "fournisseurs", quels qu'ils soient.
      Meth

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